Les maîtres de l’estampe : l’Amour en série chez Maurice Denis
Composée pour l’album Amour, un ensemble de douze estampes édité par Vollard en 1899, cette charmante lithographie représente Marthe Meunier, la future femme de Maurice Denis, dans un jardin. C’est le temps primesautier des fiançailles, le printemps de la vie. Les couleurs claires, au nombre de quatre (rose, jaune, vert clair et vert foncé) traduisent ce bonheur paisible et plein d’espoir, frais comme la jeunesse. Marthe tourne son visage vers l’artiste. Elle ressemble presque à une petite fille, les cheveux sur les épaules, devant un arbuste en fleurs. Maurice Denis est en pleine période nabie !
Une ode à l’amour
Peintre théoricien, il se définissait comme néotraditionniste et revendiquait le droit de l’art à être non mimétique, c’est-à-dire à exprimer l’invisible. Denis s’engageait aussi, à cette époque, en faveur du décloisonnement entre les arts décoratifs et les beaux-arts, réalisant des décorations pour des intérieurs, et même des motifs pour papier peint. La lithographie n’a pas, dans son esprit, un statut inférieur à une peinture de chevalet. Toute sa vie, Denis illustra de nombreux livres et réalisa quantité d’estampes. En 1898, Maurice et Marthe étaient déjà mariés mais cette suite assemblant textes et estampes s’inspire de la naissance de leur amour, à la manière d’un journal intime.
Maurice Denis, Les Crépuscules ont une douceur d’ancienne peinture, pour l’album Amour, 1897-1899, Lithographie en quatre couleurs sur vélin mince, 66,5 × 51 cm. Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris.
Formant un couple heureux et uni, ils auront sept enfants. Jusqu’à son décès en 1919, Marthe fut la principale muse de son mari. Il la peignit, la photographia, la dessina, souvent dans un jardin ou entourée de roses, symbole de l’amour conjugal. Maurice Denis, artiste chrétien, ne perdit jamais la foi. Installé dans sa maison baptisée Le Prieuré, à Saint-Germain-en-Laye, il travaille au renouveau de l’art catholique. L’amour, dans le sens néoplatonicien du terme (céleste et terrestre), fut l’un des grands thèmes de son œuvre.
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