Orléans : les hommes-paysages de l’artiste Jean Anguera investissent une église du XIIe siècle
La lumière tombe tout droit du haut du ciel sur les voûtes de l’édifice, la lumière en habille chaque pierre, en effleure chaque bronze. La collégiale Saint-Pierre-le-Puellier, à Orléans, construite au XIIe siècle, est la plus ancienne église conservée de la ville. Le temps d’une exposition, elle accueille la création d’aujourd’hui en son imposante grandeur vibratoire et fait dialoguer les âges. L’artiste Jean Anguera, membre de l’Académie des beaux-arts depuis 2014, y expose, jusqu’au 9 janvier, ses sculptures et grands dessins où l’homme et le paysage s’interpénètrent et se racontent.
La plaine est entrée dans la sculpture
Jean Anguera est né en 1953 dans une famille de sculpteurs. Son grand-père notamment, Pablo Gargallo, fut le premier dans l’histoire de l’art à réussir à évoquer un volume par son expression en creux, puis par le vide même. Aujourd’hui, il travaille au quotidien avec son épouse, Laure, comme lui sculptrice, et continue de s’approprier cette écriture âpre et sévère à laquelle contraignent les techniques du fondeur. Ses œuvres s’imposent, douces et silencieuses. Elles nous parlent de paysages, de l’homme-paysage, de notre présence au monde.*
Vue de l’exposition « Traversées du paysage – Jean Anguera » à la collégiale Saint-Pierre-le-Puellier à Orléans, jusqu’au 9 janvier ©Orléans Métropole
En arrière-plan, on devine tantôt les déserts pierreux d’une Espagne familière, tantôt les terres de Beauce où il a choisi de vivre et qu’il fait siens pour mieux se perdre…« Peu à peu, sans bruit, la plaine est entrée dans la sculpture…», explique lui-même l’artiste. Créant des étendues stériles ou si fécondes, fasciné par l’inatteignable horizon, il expérimente une solitude existentielle. Lui apparaît alors que, si d’évidence, l’homme habite la terre, la terre habite aussi l’homme qui la porte en lui, en sa plus secrète intimité.
Habiter le mystère
Les premiers reliefs d’Anguera, tout d’horizontalité, traduisaient comme l’éternité d’un chemin sans fin ; ce chemin qui mène à la vie, avec ses embûches, qui frémit, exulte, ondule, et puis, trouve formes anthropomorphes pour devenir, dans sa fière verticalité, l’homme, seul, dressé dans son unicité. « L’homme jusqu’à la plaine », le titre de cette série induit la poétique du propos : nous ne voyons le paysage que parce qu’il fait corps avec nous.
Vue de l’exposition « Traversées du paysage – Jean Anguera » à la collégiale Saint-Pierre-le-Puellier à Orléans, jusqu’au 9 janvier ©Orléans Métropole
Puis, avant de surgir du chaos tellurique dont certains bronzes expriment la violence et l’inattendu, l’homme d’Anguera apparaît, au bout d’un chemin, comme lui, tout empreint des tourments et des blessures de la création primordiale. La matière palpite, craquelle, la silhouette s’élève, dans toute sa force et sa noblesse, face à l’immensité, à la solitude de la plaine qui l’a créé et qu’il crée. Et, en écho, les immenses dessins qui accompagnent ces figures austères content la même histoire… Frêle sur les chemins, l’homme habite un mystère.
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