Le mystère Stonehenge bientôt révélé dans une exposition inédite au British Museum
S’il est un lieu en ce monde désenchanté qui stimule notre imaginaire et alimente nos fantasmes, c’est bien le site de Stonehenge. Connu depuis l’Antiquité, étudié de façon systématique depuis une vingtaine d’années seulement, ce Rapa Nui britannique, dont les pierres dressées nous questionnent depuis plus de 4500 ans, demeure pourtant auréolé de mystères. C’est précisément pour lever ce voile que le British Museum de Londres organise, du 17 février au 17 juillet 2022, la plus importante exposition jamais consacrée à ce monument mythique. Baptisée « World of Stonehenge », elle s’appuie sur les découvertes archéologiques les plus récentes pour explorer l’histoire du site et le contexte culturel, préhistorique et paneuropéen, qui lui donne sens.
Des stars de l’âge du Bronze
Bien évidemment, il s’agira d’un portrait en creux ; l’illustre monument ne pouvant quitter la plaine de Salisbury (Wiltshire, Angleterre) où il trône depuis des millénaires. Pour combler cette indépassable absence, les commissaires de l’exposition ont réussi à réunir plus 430 d’objets, parmi lesquels de véritables chefs-d’œuvre de l’âge du Bronze provenant de différents musées d’Europe et encore jamais montrés en Grande-Bretagne. Le musée régional de la Préhistoire de Halle, en Allemagne, a ainsi accepté de se séparer momentanément du célèbre disque de Nebra, découvert en 1999, et considéré comme la plus ancienne représentation au monde de la voûte céleste (son origine et sa datation, vers 2200-1600 avant J.-C, ont cependant été récemment remises en question par deux chercheurs allemands).
Le disque de Nebra, Allemagne, vers 1600 av. J.-C. Photo courtesy of the State Office for Heritage Management and Archaeology Saxony-Anhalt, Juraj Lipták
Deux des quatre exemplaires connus de cônes d’or rituels, interprétés par certains comme des couvre-chefs de cérémonie et regardés par d’autres comme des calendriers cosmiques, vont également être réunis. Le premier, le cône de Schifferstadt découvert dans un champ en 1835, provient du musée historique du Palatinat de Spire (Allemagne), le second, le cône d’Aventon, est conservé au musée d’Archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye. Plusieurs objets funéraires remarquables provenant de tombes situées dans la périphérie de Stonehenge leur feront écho, parmi lesquels un losange d’or dont le décor d’une extrême précision témoigne du savoir-faire des artisans de l’âge du Bronze. Un pendentif en or orné de motifs solaire, découvert en 2018 par un détectoriste et acquis l’année dernière par le British Museum, sera également présenté.
Pendentif à décor solaire, or, 1000-800 av. J.-C. © The Trustees of the British Museum
Le Stonehenge de la mer
Mais la pièce la plus exceptionnelle que le British Museum s’apprête à accueillir est sans nul doute cette monumentale structure en bois, vieille de 4000 ans, connue sous le nom de Seahenge, ou Stonehenge de la mer, émergée sur une plage du Norfolk en 1998 où les sables mouvants l’avaient préservée. Composé d’une grande souche d’arbre renversée entourée de 54 poteaux de chêne formant un cercle de 6,6 mètres de diamètre, ce cercle rituel d’une grande fragilité a été jusque-là partiellement exposé au Lynn Museum de Norfolk qui le prête pour la première fois (les aficionados d’Assassin’s Creed auront également pu en voir une reconstitution dans le 12e opus de la célèbre série de jeux vidéo baptisé Assassin’s Creed Valhalla et sorti en 2020).
Présentation d’une partie des éléments de Seahenge au Lynn Museum © Norfolk Museums
Pour Jennifer Wexler, co-commissaire de l’exposition : « si Stonehenge est l’un des cercles de pierres anciens les plus remarquables au monde, alors Seahenge en est l’équivalent en bois ». Découvert il y a seulement quelques décennies, Seahenge n’a pas encore livré tous ses secrets. Si on ignore encore sa fonction, certains experts considèrent qu’il a pu être utilisé dans le cadre de rituels funéraires, l’arbre central étant destiné à accueillir le corps du défunt. En l’intégrant au parcours de l’exposition, les commissaires souhaitent faire comprendre aux visiteurs l’importance des cercles de pierre et de bois dans les croyances et pratiques de communautés de l’âge du Bronze.
Le British Museum consacre une exposition inédite au site mégalithique de Stonehenge © English Heritage
Un monument paneuropéen
« La plupart des gens connaissent le monument, mais ils ne savent rien des hommes ni de l’époque de Stonehenge. Nous allons le déchiffrer et en expliciter le contexte », explique Neil Wilkin, le commissaire principal de l’exposition. L’objectif de cette réunion de pièces insignes, mises en perspective par les recherches les plus récentes, est en effet de révéler non seulement l’histoire du site mais aussi celles des hommes et des femmes qui l’ont construit et vénéré, de rendre palpable son épaisseur culturelle.
Le cône en or de Schifferstadt, vers 1600 av. J.-C. ©Rhineland-Palatinate, Germany. Historisches Museum der Pfalz Speyer
C’est tout un faisceau de croyances et de pratiques, irradiant dans l’Europe entière, que l’exposition s’emploie à reconstituer. Comme l’explique son commissaire, « Stonehenge est un monde d’interconnexion et d’interconnectivité à travers l’Europe ». Son histoire transcende celle de la plaine de Salisbury et même de la Grande-Bretagne. « L’éternel mystère de Stonehenge et sa signification ne peuvent être pleinement comprises qu’en cartographiant le monde qui l’a vu naître ».
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