L’anesthésiste de Besançon Frédéric Péchier soupçonné de huit nouveaux cas d’empoisonnement - Libération
Huit nouveaux cas et un docteur toujours dans le déni. Déjà mis en examen pour 24 empoisonnements, l’anesthésiste de la clinique Saint-Vincent de Besançon, Frédéric Péchier, est soupçonné de huit nouveaux faits d’empoisonnements potentiels de patients, dont quatre mortels.
Le procureur de la République Étienne Manteaux a annoncé ce mardi avoir versé en septembre ces huit nouveaux cas au dossier d’instruction ouvert en 2017. «La juge d’instruction est donc désormais saisie d’un total de 32 cas d’empoisonnements potentiels, dont 13 mortels», survenus en cours d’opérations dans deux cliniques privées de Besançon entre 2008 et 2016, relève-t-il.
Des «doses de potassium 100 fois supérieures à la normale»
Dans ce dossier médiatique, «l’ensemble des résultats des expertises en cours» sont «attendus pour janvier 2023», selon le procureur de la République. Le docteur Péchier pourrait être de nouveau entendu puis mis en examen pour ces huit nouveaux cas, a précisé le procureur. L’affaire a débuté lorsqu’une anesthésiste de la clinique Saint-Vincent de Besançon a donné l’alerte après trois arrêts cardiaques inexpliqués de ses patients en pleine opération. Après cette alerte, des poches de perfusion avaient été saisies et des analyses avaient révélé des «doses de potassium 100 fois supérieures à la normale», a rappelé Étienne Manteaux ce mardi.
En janvier 2017, une information judiciaire avait été ouverte. En mars, Frédéric Péchier avait été mis en examen et placé sous contrôle judiciaire pour sept premiers cas d’empoisonnements présumés de patients. La direction de la clinique avait ensuite présenté aux enquêteurs de la police judiciaire de Besançon 66 cas d’EIG (évènement indésirable grave) survenus dans leur établissement.
«Je veux mourir innocent»
«Au fur et à mesure du travail des enquêteurs et du toxicologue, on a identifié, sur les personnes exhumées, les séquestres et les dossiers médicaux, sept autres modes possibles d’empoisonnement», a détaillé le procureur. Ces investigations ont mené, en mai 2019, à la mise en examen du docteur Péchier pour 17 nouveaux cas d’empoisonnement, soit un total de 24 cas concernant des patients âgés de 4 à 80 ans, dont neuf mortels.
L’anesthésiste est soupçonné d’avoir pollué les poches de perfusion de patients de ses collègues pour provoquer des arrêts cardiaques, avant d’intervenir en démontrant ses talents de réanimateur, mais aussi pour discréditer des collègues de cliniques de Besançon avec lesquels il était en conflit. Placé sous contrôle judiciaire dans la Vienne, loin de sa femme et de ses enfants, Frédéric Péchier, 50 ans, n’a eu de cesse de clamer son innocence depuis le début de l’affaire. Il y a un an, en septembre 2021, il a tenté de se suicider en se défenestrant. «Je veux que cette vie s’arrête, je veux mourir innocent», avait-il écrit dans un message envoyé à sa mère.
Les enquêteurs de la police judiciaire de Besançon ont poursuivi en parallèle l’enquête préliminaire sur les EIG signalés par la clinique Saint-Vincent. Ces investigations et la nomination en mai 2021 d’un nouvel expert ont permis d’identifier les huit nouveaux cas d’empoisonnements présumés, pour lesquels quatre corps ont dû être exhumés. «Tout ce qui pouvait être fait sur ces cas communiqués par la clinique Saint-Vincent a été fait, estime le procureur. La volonté du parquet est que monsieur Péchier soit entendu sur la totalité de ces cas et que cette information judiciaire arrive à son terme.»
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