Noyée de la Deûle : Dix ans plus tard, la découverte de traces de sang relance une enquête - 20 Minutes

Les enquêteurs sont-ils passés à côté d’un crime ? En décembre 2012, à Lille, une jeune fille disparaissait dans la nuit du vendredi 14 au samedi 15. Le corps d’Ingrid Marchal était retrouvé, le 31 décembre, dans la Deûle, au parc de la citadelle. Quinze jours plus tôt, le corps d’une autre femme avait été découvert au même endroit.

Les constatations évoquent une noyade, mais beaucoup de zones d’ombre entourent l’enquête. Des pistes restent inexplorées. Sur l’insistance de la mère d’Ingrid Marchal, Dominique Blondiaux, une information judiciaire finit par être ouverte, en 2014. Instruction qui se terminera par un non-lieu en 2018, faute d’éléments probants.

Aucune nouvelle des compléments d’expertises

Pour Dominique Blondiaux, pas question de laisser tomber. Depuis le début, elle est persuadée que sa fille n’est pas tombée toute seule dans les eaux du canal lillois. Et voilà bientôt dix ans qu’elle se bat pour découvrir la vérité. Elle a même écrit un livre*, en octobre 2019, pour raconter son calvaire judiciaire.

Or, l’an dernier, en octobre 2021, une nouvelle révélation est venue alimenter l’enquête. Une analyse ADN des vêtements d’Ingrid Marchal révèle une trace génétique masculine. Et surtout, l’expertise exhume des traces de sang qui, jusqu’alors, n’apparaissaient dans aucune des constatations et analyses antérieures. Neuf ans après la mort de la victime.

Pourtant, depuis an, malgré les nombreuses relances de l’avocate Me Margaux Machart, rien n’avance. Une lenteur qui ulcère Dominique Blondiaux. « Nous n’avons toujours aucune nouvelle des compléments d’expertises demandés il y a un an, explique-t-elle. Nous souhaitons en savoir davantage sur cette trace ADN, avoir les caractéristiques de son propriétaire, par exemple. Idem avec les traces de sang qu’on retrouve à la fois sur le tee-shirt et sur le blouson. »

Possible intervention d’un tiers

Car ces nouveaux éléments ouvrent clairement la porte d’une possible intervention d’un tiers dans le décès de la jeune fille. L’hypothèse d’un éventuel crime se dessine. Pourtant, la mère de la victime reste sans nouvelles.  « Mon avocate me certifie que la demande d’expertise complémentaire a été faite par la juge d’instruction, mais je n’y crois pas », déplore-t-elle.

« On aurait pu s’attendre à un traitement plus rapide de cette demande à l’endroit d’une mère ballottée par la justice depuis tant d’années, renchérit Me Margaux Machart. Cette attente est très violente. Elle est effondrée et n’a plus confiance en la justice. »

Car ce dossier, qui a commencé son parcours judiciaire dans le cabinet d’avocat d’un certain Eric Dupond-Moretti, s’est rapidement enlisé entre les mains de six juges d’instruction. Après un premier non-lieu, le ministère public a demandé la réouverture d’une instruction, en juin 2020, pour « recherches supplémentaires des causes de la mort », avec notamment l’analyse des vêtements de la victime, placés sous scellés.

Scellés disparus qui réapparaissent

Quelques mois plus tard, en février 2021, premier rebondissement de cette nouvelle investigation : les scellés ont été détruits. Deux ordres de destruction établis en janvier 2020 l’attestent. Consternation. L’avocate de Dominique Blondiaux, Me Machart, engage alors, trois mois plus tard, en mai, un contentieux contre l’Etat pour « fonctionnement défectueux du service public de la justice ».

La procédure porte ses fruits : un mois plus tard, les scellés réapparaissent miraculeusement. Par chance, l’ordre de destruction n’a pas été exécuté. L’expertise des vêtements est enfin ordonnée. Les résultats atterrissent début octobre dans le bureau de la juge. Ils mettront un mois et demi de plus pour parvenir à Dominique Blondiaux et son avocate.

« Quand j’ai reçu les résultats, j’ai perdu ma fille une deuxième fois, sanglote la mère. Ces traces de sang… On l’a assassinée. » Dix ans après la mort d’Ingrid Marchal, c’est une maman en colère qui espère toujours savoir, un jour, ce qui s’est réellement passé.

* Ingrid, le mystère de la Deûle, paru en octobre 2019, aux éditions Les Lumières de Lille.

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